D’une ruche tronc à une miellerie collective
- Stéphane URBINATI
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- il y a 14 minutes
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Comment un projet soutenu par Planet Citizen et Pura Vida est devenu un modèle suivi par l’État malgache.
À Mahela, au sud-est de Madagascar, le bourdonnement des abeilles ne raconte plus seulement la saison des fleurs. Il raconte désormais l’histoire d’un jeune homme, d’un village, et d’un projet qui a franchi un cap : passer d’une seule ruche tronc sauvée d’un cyclone rasant tout un village, à une véritable miellerie collective, soutenue aujourd’hui… par l’État lui-même.

Au départ, quelques ruches, et beaucoup d’obstacles… L’histoire n’a pas commencé avec un “projet”, mais avec des gestes simples, comme former quelques apiculteurs du bout du monde, à une apiculture plus moderne, moins destructrice que l’apiculture ancestrale. Puis c’est d’installer quelques ruches dans ce village situé a plusieurs jours de pirogue, apprendre à lire les saisons dans le mouvement des fleurs, protéger ce petit peuple ailé comme on prend soin d’une famille élargie. Autour de ces apiculteurs, la brousse, la chaleur, et un village qui cherche, comme tant d’autres, à vivre mieux sans renier ce qu’il est.
Un jour, l’histoire de Fransca croise la nôtre… Nous avons raconté cette rencontre, les premiers pas de son collectif d’apiculteurs, cette conversation dans une pirogue à l’ombre d’un manguier où tout s’est mis à prendre forme, dans un premier récit à lire ici : https://www.puravida-shop.fr/post/fransca-et-son-collectif-d-apiculteurs C’est là que tout commence vraiment.

Au départ, il n’y a presque rien, un peu de matériel, et beaucoup de contraintes. Le miel se récolte comme on peut, chez l’un, chez l’autre, dans des conditions qui ne permettent ni d’assurer la qualité, ni de valoriser le travail à sa juste mesure. Les apiculteurs vendent et troc au fil des opportunités, un peu de miel contre quelques poissons.
Et puis arrive un coup de pouce, Planet Citizen et Pura Vida soutiennent Fransca dans l’aventure du Programme de l’Etat malgache, le Miary Agribusiness et Tourisme, qui décide de soutenir Fransca et son collectif. Rien de spectaculaire, pas de grand ruban à couper. Simplement des moyens pour s’équiper, se structurer, se former. Petit à petit, le projet change d’épaisseur.
On commence à parler non plus de “quelques ruches isolées”, mais d’un collectif organisé. On ne parle plus seulement de miel, mais de revenus plus stables, de familles qui peuvent envisager la saison suivante autrement. Le village voit que quelque chose se passe. Les voisins observent. Les abeilles, elles, continuent leur travail.
Un nouveau pas est franchi, l’État malgache s’intéresse au projet, le reconnaît, et décide de l’accompagner.

L’idée d’une miellerie collective à Mahela cesse d’être un rêve lointain pour devenir un chantier concret.
Une miellerie, ce n’est pas seulement un bâtiment. C’est un lieu où les apiculteurs se retrouvent, où les cadres se vident dans les mêmes extracteurs, où les gestes se partagent et se discutent. C’est un endroit où le miel prend forme ensemble.
Pour Fransca et son collectif, cela veut dire qu’ils auront désormais un espace propre, dédié, pour extraire, filtrer, maturer le miel. Du matériel commun, plus sûr, plus efficace, et surtout, un label, signe d’une qualité régulière.
Pour le village, cela veut dire des revenus qui ne dépendent plus seulement de la chance, des savoir-faire qui se transmettent, est un projet qui dépasse la seule saison des fleurs.
Vu de loin, tout cela pourrait ressembler à une “success story de développement”. Mais pour nous, c’est d’abord l’histoire d’une amitié qui n’a pas lâché, d’un village qui a accepté de faire confiance, et de ces milliers d’abeilles qui travaillent sans discours, juste par présence.
Quand vous achetez certains produits sur Pura Vida, vous tenez parfois dans vos mains un simple pot de miel. En apparence, c’est du goût, de la texture, une couleur qui joue avec la lumière.
En profondeur, c’est autre chose…Ce sont des ruches installées à Mahela, des réunions de village où l’on parle d’organisation, un collectif qui s’invente, et un État qui finit par dire : “Oui, ça vaut la peine, nous allons vous suivre.”

Un pot de miel n’est jamais seulement un pot de miel. C’est une chaîne de visages, de saisons, de gestes patients.
Pour Fransca, cette miellerie n’est pas l’aboutissement, mais un départ. Il reste à la construire, à l’équiper, à la faire vivre. Il reste des formations à organiser, des récoltes à coordonner, des marchés à trouver. Il reste des erreurs à faire, et des manières de faire à améliorer.
Nous, de notre côté, continuerons à raconter cette histoire, à donner des nouvelles du rucher de Mahela, à montrer comment un projet né très modestement peut, pas à pas, déplacer des lignes bien plus grandes que lui.
Parce qu’au fond, c’est cela que nous aimons voir naître, des histoires qui commencent avec quelques ruches, un peu de courage, et cette idée simple et puissante qu’en s’unissant, on peut changer la vie d’un village… une récolte après récolte.





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